Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5184

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Correspondance : année 1763GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 380-381).

5184. — À M.  DUCLOS.
Au château de Ferney, 12 février.

Je croirais, monsieur, manquer à mon devoir si je ne donnais part à l’Académie du mariage de l’unique héritière du nom de Corneille avec M. Dupuits, jeune gentilhomme plein de mérite, cornette de dragons dans le régiment de M. le duc de Chevreuse, gouverneur de Paris. Ses terres touchent aux miennes ; rien n’était plus convenable. C’est un établissement avantageux. Mlle  Corneille en est en partie redevable à la protection de l’Académie, qui a honoré en elle le nom du grand Corneille, et qui a favorisé les souscriptions de l’édition, à laquelle je travaille continuellement, en faveur de sa nièce.

Je crois qu’il serait honorable pour la littérature que l’Académie daignât m’autoriser à signer pour elle au contrat de mariage. Le nom de Corneille peut mériter cette distinction. Vous me donneriez permission, monsieur, de mettre le nom du secrétaire perpétuel, de la part de l’Académie[1] ; ou bien vous auriez la bonté de m’envoyer les noms de messieurs les académiciens présents, en m’autorisant à honorer le contrat de leurs signatures. Ce dernier parti me paraît d’autant plus convenable que je compte signer pour M.  le maréchal de Richelieu, comme doyen de l’Académie. J’attends les ordres de l’Académie, en laissant pour leur exécution une place dans le contrat.

Je vous prie, monsieur, de présenter à nos confrères mon profond respect.

  1. Duclos signa au nom de l’Académie.