Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5296

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Correspondance : année 1763GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 484-485).

5296. — À M. DAMILAVILLE.
23 mai.

Je suis toujours extrêmement en peine, mon cher frère, d’un paquet chrétien adressé à un comte de Bruc[1], et d’une lettre[2] profane au notaire Delaleu. La poste a oublié le droit des gens. Cramer avait donc oublié les droits de l’amitié et son devoir de libraire, de ne vous pas présenter le deuxième tome russe ? Eh bien ! les anges ont donc tout apaisé, tout concilié ; mais messieurs[3] crieront encore, messieurs veulent toujours avoir raison : ils pourront l’avoir avec le contrôleur général, mais non pas avec moi, qui ne suis que contrôleur des fanatiques.

Sed quid dicis de la Lettre à Christophe, et quid dicunt ? Et Palissot, Palissot, qui imprime trois volumes[4] contre les philosophes ! Mais si Socrate réussit, bénissons Dieu, car une telle pièce ne peut obtenir de succès que de la disposition générale des esprits en faveur de la philosophie. Je vous ai demandé trois fois le manuscrit de l’article Idolâtrie[5], que frère Platon doit avoir, et dont j’ai un besoin pressant. Vous m’aviez fait espérer quelques articles encyclopédiques ; secourez donc un pauvre malade.

  1. Voyez page 467.
  2. Elle est perdue. (B.)
  3. Les conseillers au parlement.
  4. Voyez la note, page 489.
  5. Voyez la note, tome XIX, page 402 ; Voltaire retrouva son manuscrit ; voyez ci-après, page 488.