Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5467

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5467. — À MADAME LA MARQUISE DU DEFFANT.
1er décembre.

L’aveugle fait ce qu’il peut pour amuser l’aveugle. Le quinze-vingt des Alpes convient que les remontrances des parlements, leurs arrêts, leurs démissions, la pastorale de monseigneur du Puy, sont des choses fort amusantes : mais il croit que le présent conte pourrait aussi faire passer un quart d’heure de temps, attendu (comme il est très-bien dit dans ledit conte) que les soirées d’hiver sont longues[1]. Il faut que les aveugles fassent des contes, ou qu’ils jouent de la vielle : car, si on avait perdu quatre sens, il n’y aurait autre chose à faire qu’à se réjouir avec le cinquième.

Les Alpes présentent leurs respects à Saint-Joseph[2]. On suppose que M. le président Hénault jouit d’une parfaite santé ; on l’assure du plus tendre et du plus véritable attachement.

  1. Dans le quatrième vers de Ce qui plais ax Dames, Voltaire dit :

    L’hiver allonge la soirée.

  2. Mme du Deffant était logée à la communauté de Saint-Joseph.