Correspondance de Voltaire/1764/Lettre 5601

La bibliothèque libre.
Correspondance : année 1764GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 43 (p. 168-169).

5601. — À M.  LE COMTE D’ARGENTAL[1].
21 mars.

J’allais faire partir ce petit morceau pour la Gazette littéraire, lorsque je reçois la lettre du 15 mars de mes anges. Ils me donnent de grandes espérances contre ces dîmes établies de droit divin et contre le concile de Latran ; nous espérons tout des bontés de mes anges et de M. le duc de Praslin. J’aimerai mes anges et mon terrain ingrat ; je le cultiverai avec bien plus de soin. Il n’était pas juste, en vérité, que ce fût moi qui semât et labourât pour la sainte Église.

Tant mieux qu’Olympie soit retardée[2]. Elle en sera mieux jouée et mieux reçue, et plus le carême sera avancé, moins il y aura de honte à n’avoir qu’un petit nombre de représentations[3].

Je reviens à la Gazette littéraire. Je m’imagine que les auteurs, en rectifiant les petits mémoires que j’envoie et en y mettant les convenances dont je ne me mêle point, pourront procurer au public des morceaux assez intéressants : j’en prépare un sur des ouvrages qui me sont venus d’Italie. Je cherche partout des morceaux piquants qui puissent réveiller le goût du public ; mais je n’en trouve guère. Le nombre des ouvrages nouveaux sera toujours très-grand, et le nombre des ouvrages intéressants bien petit.

Je vais travailler, si ma pauvre santé me le permet, c’est-à-dire je vais dicter : car je ne peux plus rien faire de mes organes.

Respect et tendresse.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. On l’avait jouée depuis quatre jours.
  3. Le théâtre fermait à Pâques.