Correspondance de Voltaire/1765/Lettre 5938

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Correspondance : année 1765GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 43 (p. 484-485).

5938. — À M.  LE CONSEILLER LE BAULT[1].
À Ferney, par Genève, 11 mars 1765.

Vous me méprisez, monsieur, parce que je suis devenu pauvre, et que je ne vous ai demandé que cent bouteilles de vin cette année ; mais c’est précisément par cette raison-là même que je m’attends à vos bontés. D’ailleurs, j’ai encore un tonneau tout entier de votre bon vin. Je suis le seul chez moi qui en boive, comme j’ai eu l’honneur de vous l’écrire, et j’en bois environ un demi-septier par jour. C’est une affaire de santé, et non pas de luxe. Je suis indigne d’être Bourguignon. Ayez pitié de mon indignité, de ma misère et de mes maladies, et daignez m’envoyer à Lyon, à l’adresse de M. Camp, par les premiers rouliers, les cent bouteilles du cordial que je vous demande.

Je présente mon respect à Mme  Le Bault. J’ai l’honneur d’être avec les mêmes sentiments, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


Voltaire.

  1. Éditeur, de Mandat-Grancey. — Dictée, mais signée de la main de Voltaire.