Correspondance de Voltaire/1765/Lettre 5945
Mon cher frère, vous devez avoir reçu la consultation de Tronchin ; mais je tremble que vous ne soyez malade en dépit de la consultation. Je fais des vœux à l’Être des êtres pour votre santé. Félicitons-nous tous deux de la justice rendue aux Calas, et du triomphe de la raison sur le fanatisme.
J’ai cent lettres à répondre ; en voici une pour M. de Beaumont, et une pour Mme Calas ; une que je vous supplie aussi de vouloir bien faire tenir par la petite poste, pour M. de Chimène[2].
On est enivré à Genève, comme à Paris, du gain de notre procès. Voilà un beau moment dans les fastes de la raison, qui ne sont pas le plus gros livre que nous ayons. Ma santé s’affaiblit beaucoup ; mais mon tendre attachement pour vous se fortifie tous les jours, Ma lettre est écourtée, mes sentiments ne le sont pas.
Ècr. l’inf…, mon cher frère, écr. l’inf…, et dites à frère Protagoras Ècr. l’inf… le matin, écr. l’inf… le soir.