Correspondance de Voltaire/1765/Lettre 5983

La bibliothèque libre.

5983. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
10 avril.

Je vous envoie, mes anges, l’antiquité à bâtons rompus[1]. Je ne sais si le fatras des sottises mystérieuses des mortels vous plaira beaucoup. Vous êtes bien de bonne compagnie pour lire avec plaisir ces profondeurs pédantesques ; mais votre esprit s’étend à tout, ainsi que vos bontés.

Les horreurs des Sirven vont succéder aux abominations des Calas. Le véritable Elie prend une seconde fois la défense de l’innocence opprimée. Voilà trop de procès de parricides, dira-t-on ; mais, mes divins anges, à qui en est la faute ?

Je ne sais si vous avez connu feu l’abbé Bazin, auteur de la Philosophie de l’Histoire. Son neveu, le chevalier Bazin, a dédié l’ouvrage de son oncle à l’impératrice de toutes les Russies, comme vous le savez ; mais j’ai peur que les dévots de France ne pensent pas comme cette impératrice.

Respect et tendresse.

  1. La Philosophie de l’Histoire : voyez l’avertissement de Beuchot en tête du tome XI.