Correspondance de Voltaire/1765/Lettre 6033

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Correspondance de Voltaire/1765
Correspondance : année 1765GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 43 (p. 569-570).
6033. — À M. DAMILAVILLE.
28 mai.

M. Tronchin a le paquet de mon frère, et on enverra la réponse dès qu’on l’aura reçue.

J’ai su qu’on avait encore envoyé un second paquet par M. Gaudet, et probablement ce paquet n’est point parvenu à sa destination.

On écrivit depuis une lettre instructive sur l’état des choses, et on se servit de la même voie. Cette lettre partit le 21 ou le 22 du mois. Il serait très-triste qu’on l’eût ouverte. On a écrit le 27, par M. Héron, premier commis des bureaux du conseil, et la lettre[1] a été mise à la poste de Lyon.

Je pense qu’il est nécessaire que vous m’écriviez à Genève une lettre signée de vous. Vous y direz que vos occupations vous permettent peu de vous occuper de littérature ; que vous faites, à la vérité, venir quelquefois des livres de Hollande pour un de vos amis, et que vous avez à peine le temps d’y jeter un coup d’œil. Vous pourrez me dire que vous avez parcouru la Philosophie de l’Histoire, et que vous êtes bien étonné qu’on m’attribue un livre rempli de citations chaldéennes, syriaques, et égyptiennes. Vous pourrez me plaindre d’ailleurs d’être en butte à la calomnie depuis cinquante années ; vous me rassurerez en me disant combien le roi est équitable. Si ce canevas vous parait raisonnable, vous le broderez ; puisqu’on est curieux, vous satisferez la curiosité.

Vous pourrez adresser vos autres lettres sous l’enveloppe de M. Camp, banquier à Lyon, comme je vous l’ai déjà mandé[2].

Je ne vous dis pas combien il est douloureux de recourir à ces expédients. Nous voilà comme un amant et une maîtresse dont les lettres sont interceptées par les jaloux. Aimons-nous-en davantage ; écr. l’inf…

  1. C’est le n° 6031.
  2. Lettre 6025.