Correspondance de Voltaire/1765/Lettre 6111

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Correspondance : année 1765GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 65).

6111. — À M. LE PRÉSIDENT DE RUFFEY[1].
18 septembre 1765, à Ferney.

J’ai reçu de mon mieux vos deux conseillers, mon cher président, tout malade que je suis. Je m’intéresse vivement aux progrès de votre Académie ; vous l’avez établie et vous la perfectionnez. Je ne peux que vous applaudir de loin. Si vos magistrats avaient pu rester quelque temps dans nos cantons, ils auraient vu chez moi une assez bonne comédie, qui se soutient malgré le départ de Mlle Clairon. Il faut avouer que cette Mlle Clairon est bien étonnante ; en vérité je n’avais point d’idée d’un jeu si supérieur. Toutes les actrices que j’avais vues jusqu’à présent, excepté Mlle Dumesnil, n’étaient que de froides marionnettes.

J’aurais bien voulu vous tenir à Ferney avec monsieur l’ancien premier président de La Marche, votre ami. Je fais bâtir deux ailes pour vous mieux recevoir si jamais vous revenez dans nos déserts.

Conservez-moi des bontés qui seules peuvent me consoler de votre absence.

  1. Éditeur, Th. Foisset.