Correspondance de Voltaire/1765/Lettre 6208

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Correspondance : année 1765GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 159).

6208. — À MADAME DE TRÉVÉNEGAT.

Mme  de Trévénegat s’est adressée à un malade pour savoir des nouvelles de ce que vaut une mort subite. L’homme à qui elle s’est adressée se connaît en maladies de langueur depuis environ cinquante ans ; mais en morts subites, point du tout. Il faut demander cela à César, qui disait que cette façon de quitter le monde était la meilleure. À l’égard des justes et des réprouvés, dont Mme  de Trévénegat parle, l’avocat consultant répond qu’il connaît force honnêtes gens, et qu’il ne connaît ni réprouvés ni justes ; que ce n’est pas là son affaire ; qu’il n’a jamais envoyé personne ni en paradis ni en enfer, et qu’il souhaite à Mme  de Trévénegat une mort subite pour le plus tard que faire se pourra. En attendant, il lui conseille de s’amuser, de jouer, de faire bonne chère, de bien dormir, de se bien porter, et lui présente ses respects.