Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6287

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Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 239-240).

6287. — À M. DAMILAVILLE.
5 mars.

La diligence de Lyon, mon cher ami, ne m’apportera donc rien de votre part ; je n’aurai point de consolation. Le petit livre que vous m’avez envoyé ne me suffit pas ; il méritait d’être mieux fait, et pouvait être très-plaisant. Il fallait commencer par dire qu’Adam avait prêché Eve, et qu’au sortir du sermon Ève le fit cocu avec le diable ; il fallait continuer sur ce ton, et on serait mort de rire.

Je crois que vous avez été à la première représentation du Gustave de La Harpe. Vous savez que je m’intéresse à ce jeune homme : il n’a que son talent pour ressource ; s’il ne réussit pas, il est perdu.

Est-il vrai que Protagoras se marie à Mme de Lespinasse ? Voilà tous les philosophes en ménage, il ne manque plus que vous. Faites-nous des sages, ou faites-nous des livres. Quel dommage que Platon n’ait qu’une fille ! S’il avait eu des garçons, ils auraient coupé toutes les têtes de l’hydre, dont on n’a rogné que les ongles.

On me dit qu’on a imprimé à Paris la petite comédie de Henri IV[1], par Collé. Quoique je n’aime point à voir Henri IV en comédie[2], cependant, mon cher ami, envoyez-moi cette bagatelle ; mais surtout écr. l’inf…

  1. Voyez la note V, tome XLII, page 93.
  2. Voltaire lui-même, l’année suivante, composa Charlot.