Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6350

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Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 297-298).

6350. — À M.  DAMILAVILLE.
23 mai.

C’est pour vous dire, mon cher ami, que M.  Boursier vous a envoyé, sous l’enveloppe de M.  de Courteilles, la défense de l’illustre de Thou[1] contre les accusations du sieur Bury. Je soupçonne que le manuscrit est plein de fautes ; mais la faiblesse de mes yeux et mon état un peu languissant ne m’ont pas permis de le corriger. Je pense que vous trouverez dans cet écrit des anecdotes curieuses et instructives. Si votre Merlin ne peut l’imprimer, vous pourriez, la faire parvenir au Journal encyclopédique, en l’envoyant contre-signé à un M. Rousseau, auteur de ce journal, à Bouillon. Ce Bury mérite assurément quelque petite correction pour avoir traité un excellent historien, un digne magistrat, et un très-bon citoyen, de pédant et de médisant satirique.

Vous recevrez probablement la semaine prochaine le buste d’ivoire[2] ; il est à la diligence de Lyon, à votre adresse, comme je vous l’ai déjà mandé.

Vous avez sans doute reçu ma petite lettre pour Dumolard[3], et une autre pour mon cher Beaumont. Est-il vrai que les capucins ont assassiné leur gardien[4] à Paris ? Pourquoi, lorsqu’on a chassé les jésuites, conserve-t-on des capucins ? pourquoi ne pas les avoir fait tirer à la milice, au lieu des enfants des avocats ?

On prétend que l’assemblée du clergé sera longue. J’en suis faché pour les évêques, qui auront le malheur d’être séparés de leur troupeau, et de ne pouvoir instruire et édifier leurs diocésains. Ils aiment trop leurs devoirs pour ne pas finir leurs affaires le plus tôt qu’ils pourront.

Je n’ai encore nulle nouvelle des factums qui doivent m’arriver, ni de l’ouvrage de Fréret. J’attends de vous toutes mes consolations. Adieu, mon cher frère.

  1. C’est la brochure intitulée le Président de Thou justifié, etc. ; voyez tome XXV page 477.
  2. Voyez lettre 6249 et 6346.
  3. Elle est perdue ; voyez lettre 6346.
  4. On voit, par la lettre 6363, que le père gardien s’était tué. Il a été question d’une querelle entre les capucins, tome XLIII, page 319.