Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6451

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Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 379-380).

6451. — À M.  LE PRÉSIDENT DE RUFFEY.
Ferney, 8 auguste.

Votre vigne et votre laurier[1] sont très-ingénieux, mon cher président. Votre académie devient de jour en jour plus brillante ; il faut espérer que ces établissements feront beaucoup de bien aux provinces ; ils accoutumeront les hommes à penser, et à sacrifier les préjugés aux vérités. Les jeux floraux n’ont guère contribué qu’à perpétuer dans Toulouse le mauvais goût ; mais des prix donnés à des recherches utiles sont un véritable encouragement pour l’esprit humain.

Il y a, dans le recueil de l’Académie des belles-lettres de Paris, des mémoires qu’on cite dans toute l’Europe ; mais tous les compliments faits à l’Académie française sont oubliés, et c’est bien tout ce qui peut leur arriver de plus heureux.

Mon triste état augmente tous les jours ; et ce n’est pas seulement parce que j’ai bientôt soixante-treize ans, c’est parce que je suis né extrêmement faible.


Ipso fecit nos, et non ipsi nos.


Mme  Denis, qui se porte bien, fera les honneurs à M.  le marquis de La Tour du Pin, et je serai aussi sensible à ses bontés que si j’étais dans la force de l’âge.

Je n’ai point entendu parler de mon contemporain M.  de La M arche[2].

Je vous supplie de vouloir bien présenter mes respects à M. Legoux[3]. Conservez-moi surtout vos bontés.

  1. Il s’agissait du dessin qui encadrait les diplômes de l’Académie de Dijon.
  2. Le président Fyot de La Marche était né le 12 août 1964, la même année que Voltaire.
  3. Legoux de Gerland.