Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6453

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Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 381).

6453. — DE MADAME LA LANDGRAVE DE HESSE[1].
10 août 1766.

Monsieur, je n’ai pu penser qu’un simple mouvement de pitié et d’humanité parviendrait à vous, encore moins qu’il méritai vos éloges. Vous êtes bien fait, monsieur, pour encourager la vertu et pour faire triompher l’innocence. Les Calas vous doivent leur célébrité ; les Sirven vous la devront encore. Je voudrais pouvoir leur témoigner à quel point ils m’intéressent. Une famille innocente et persécutée est pour moi un objet bien respectable ; je ne peux leur offrir des secours proportionnés à leurs besoins et à ma bonne volonté ; j’ose cependant vous adresser dix louis. Je vous conjure de les leur faire accepter.

Je sens tout le prix de la lettre dont vous m’avez honorée, et j’en suis touchée de reconnaissance ainsi que de la pièce que vous y avez jointe. Si j’ai mérité cette attention, c’est par ma haine pour le fanatisme et pour la tyrannie de la superstition. Vos écrits m’ont affermie dans les principes que je me suis formés ; ils sont invariables, ainsi que mes sentiments pleins d’estime et de considération pour vous.

  1. Briefwechsel des Grossen Landgräfin Caroline von Hessen. — Von dr Ph.-A.-F. Walther. — Wien, 1877, tome II, page 420.