Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6550

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Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 478-479).

6550. — À M. LE COMTE DE ROCHEFORT.
À Ferney, 29 octobre.

Puissiez-vous, mon chevalier, passer par chez nous en allant en Italie avec M. Duclos ; et quand vous serez à Ferney, puissent les neiges et les glaces vous boucher tous les chemins !

J’ai lu le procès de l’ingratitude contre la générosité. Ce Jean-Jacques me paraît un charlatan fort au-dessus de ceux qui jouent sur les boulevards. C’est une âme pétrie de boue et de fiel. Il mériterait la haine, s’il n’était accablé du plus profond mépris.

On ma mandé beaucoup de bien de Mlle Durancy[1]. Le public, qui d’abord l’avait mal reçue, a changé d’avis. Cela lui arrive souvent à ce bon public ; c’est une assemblée de fous qui devient sage à la longue.

Recevez, mon chevalier, mes tendres remerciements de votre souvenir, et les sincères compliments de Mme Denis, et de tout notre petit ermitage.

  1. Madeleine-Céleste de Frossac, connue sous le nom de Mlle Durancy, née en 1746, avait débuté en 1759, au Théâtre-Français, qu’elle abandonna pour l’Opéra, où elle parut en juin 1762. Elle rentra, le 13 octobre 1766, sur la scène française, qu’elle quitta de nouveau en 1767 pour retourner à l’Opéra, où elle resta jusqu’à sa mort, arrivée le 28 décembre 1780. (B.)