Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6551

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Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 479-480).

6551. — À M. DAMILAVILLE.
29 octobre.

Point de nouvelles de Meyrin[1], mon cher ami ; mais j’en ai du moins reçu du prophète Élie. Il dit qu’il a fini à la fin son factum pour les Sirven[2] ; qu’à son retour à Paris, il va le faire signer par des avocats, et le faire imprimer. Dieu le veuille ! Je vois qu’il est occupé d’affaires intéressantes et épineuses. Son procès devenu personnel contre Mme de Roncherolles, son autre procès pour les biens que réclame madame sa femme[3], me font une extrême peine. Mais enfin nous avons entrepris l’affaire des Sirven, il faut en venir à bout. Nous aurons gagné notre procès, si cette aventure sert à inspirer la tolérance et l’humanité à des cœurs barbares qui ne les ont point connues.

Mandez-moi ce qu’on pense du procès de l’ingratitude contre la bienfaisance. Ce charlatan de Jean-Jacques n’est-il pas le mépris de tous ceux qui ont le sens commun, et l’exécration de ceux qui ont un cœur ? Mes deux conseillers[4] sont partis, mais l’un s’en va à sa terre d’Hornoy, l’autre à son abbaye. J’espère que vous les verrez cet hiver. Puisque je ne jouis pas de la consolation de votre société, il faut au moins que ma famille en jouisse.

Informez-vous, je vous prie, de ce qu’est devenu le paquet de Meyrin. Ne l’aurait-on pas fait partir par les rouliers, au lieu de le mettre à la diligence ? Délivrez-moi de cette inquiétude.

On annonce un livre qui me tente ; il est intitulé Recherches des découvertes attribuées aux modernes[5]. Envoyez-le moi, je vous prie, s’il en vaut la peine.

Voulez-vous bien faire dire à Merlin qu’il se prépare à payer, au commencement de l’année prochaine, les mille livres qu’il doit à son correspondant de Genève ? Ces mille livres appartiennent au sieur Wagnière. Merlin en devait payer cinq cents au mois de juin passé. J’en ai le billet ; je le chercherai quand je me porterai mieux, et je vous l’enverrai.

Bonsoir, mon cher ami. Voici une lettre[6] que je vous prie de faire remettre chez M. Élie de Beaumont.

Renvoyez-moi donc les lettres de Jean-Jacques.

  1. Voyez lettre 6572.
  2. Voyez une note sur la lettre 6487.
  3. Voyez lettre 6528.
  4. D’Hornoy, petit-neveu de Voltaire, et Mignot, neveu de Voltaire.
  5. Recherches sur l’origine des découvertes attribuées aux modernes, par Dutens, 1766, deux volumes in-8o, réimprimés en 1776, 1812.
  6. Elle manque.