Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6630

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Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 553-554).

6630. — À MADAME LA DUCHESSE DE GRAMMONT.
À Ferney, 22 décembre.

Madame, permettez que deux personnes qui vous doivent leur bonheur en grande partie, ainsi qu’à M. le duc de Choiseul, vous témoignent au moins une fois par an leur reconnaissance.

Nous sommes avec un profond respect, madame, vos très-humbles, très-obéissants, et très-obligés serviteur et servante.

Corneille Dupuits. Dupuits.

Il y en a trois, madame : je vous ai au moins autant d’obligation que les deux autres ; mais ce n’est pas assez pour votre cœur de faire des heureux, vous pouvez d’un mot tirer une famille entière du plus grand malheur. Vous avez protégé l’innocence des Calas, les Sirven essuient précisément la même horreur, et ils demandent au conseil la même justice contre les mêmes juges, dont le fanatisme se joue de la vie des hommes.

M. de Beaumont, l’avocat des Calas, a fait pour les Sirven un mémoire signé de dix avocats ; on l’imprime actuellement, et il ne sera présenté qu’aux juges. M. le duc de Choiseul a eu la bonté de promettre qu’il demanderait M. Chardon pour rapporteur à monsieur le vice-chancelier. M. Chardon s’y attend. Je vous supplie, madame, de vouloir bien en faire souvenir monsieur le duc votre frère. Je ne vous demande point pardon de mon importunité, car il s’agit de faire du bien, et je vous sers dans votre goût.

J’ai l’honneur d’être avec le plus profond respect et la plus vive reconnaissance, madame, votre très-humble, très-obéissant, et très-obligé serviteur.

Voltaire.