Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6699

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Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 70-71).
6699. — DE M. HENNIN[1].
À Genève, le 28 janvier 1767.

J’ai toujours été, monsieur, dans la persuasion que vous aviez avec Genève la même correspondance que par le passé, et que, par conséquent, vous souffriez moins que personne de l’interdiction. Je suis autorisé à donner un passe-port à celui de vos gens que vous voudrez envoyer ici, et, quand vous m’aurez envoyé son nom, je le ferai expédier. Le ton de votre lettre m’afflige sincèrement. Il ne tient qu’à vos malades d’avoir des secours, puisque MM. Joly et Cabanis ont des passe-ports pour aller et venir, et que votre commissionnaire peut chaque jour prendre ici tous les remèdes dont ils auront besoin.

N’ajoutez pas, je vous prie, à la tristesse et à l’ennui de ma position le chagrin de vous savoir mécontent. Croyez que j’ai fait et ferai tout ce qui sera en moi pour diminuer les maux de cette contrée. Malheureusement on ne trouve pas que je sois au ton du moment ; mais je sais paraître avoir tort quand il s’agit de faire le bien.

La neige m’a empêché d’aller vous voir, monsieur : car, malgré les embarras dont je suis surchargé, j’avais besoin d’une heure de conversation avec vous, et j’aurais été la chercher. Aussitôt que cet obstacle sera levé, vous me verrez arriver à Ferney. Croyez, je vous prie, que je désirerais surtout que les circonstances où se trouve ce pays-ci n’influassent en rien sur votre bonheur, et disposez de moi en tout ce qui sera de mon ressort. Votre lettre pour M. Thomas lui sera remise en main propre. Je serai toujours très-aise d’être utile à votre correspondance avec vos amis et les gens dont vous faites cas.

  1. Correspondance inédite de Voltaire avec P.‑M. Hennin, 1825.