Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6752

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Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 117-118).
6152. — À M. MARMONTEL.
16 février.

Bélisaire arrive ; nous nous jetons dessus, maman et moi, comme des gourmands. Nous tombons sur le chapitre quinzième ; c’est le chapitre de la tolérance, le catéchisme des rois ; c’est la liberté de penser soutenue avec autant de courage que d’adresse ; rien n’est plus sage, rien n’est plus hardi. Je me hâte de vous dire combien vous nous avez fait de plaisir. Nous nous attendons bien que tout le reste sera de la même force, car vous ne pouvez penser qu’avec votre esprit, et écrire que de votre style. Je vous en dirai davantage quand j’aurai tout lu.

Je vous demande votre indulgence pour la tragédie des Scythes. Elle est d’un jeune homme qui ne devrait pas faire de pièce de théâtre à son âge ; mais comme il essuyait une espèce de petite persécution[1], il a cru devoir imiter Alcibiade, qui fit couper la queue à son chien pour détourner les caquets.

Grand merci, encore une fois, de votre beau chapitre ; vous venez de rendre service au genre humain. Dieu vous préserve des regards malins !

Je vous quitte pour entendre la lecture du reste. Bonsoir, mon très‑cher confrère.

  1. Dans l’affaire Le Jeune.