Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6753

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Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 118-119).
6753. — À M. ÉLIE DE BEAUMONT.
À Ferney, le 16 février.

Mon cher Cicéron, vous venez de faire pleurer le bonhomme Sirven de tendresse et de reconnaissance. Recevez mes nouveaux remerciements ; ajoutez à toutes vos bontés celle de dire à M. Target[1], votre ami, combien je suis touché de ce qu’il veut élever sa voix en faveur des filles de Sirven. Je vous réponds que ce bonhomme ne s’adressera pas à d’autres qu’à vous. Les Calas étaient conduits par cinq ou six protestants du Languedoc, et Sirven n’a d’appui que moi ; il ne peut ni ne doit se conduire que par mes conseils et par vos ordres.

Vous savez avec quelle impatience j’attends votre mémoire imprimé. Il n’y a certainement pas un instant à perdre. M. Chardon m’a mandé qu’il serait bientôt prêt, malgré l’affaire de la Caïenne[2], qui lui prend tout son temps. Il est humain, il est philosophe et bon juge ; je compte sur lui comme sur vous. Vous aurez la gloire d’écraser deux fois le fanatisme ; et les protestants, éclairés d’ailleurs par votre excellent mémoire contre M. de La Roque, ne seront plus fâchés contre Mme de Beaumont, à qui je présente mes très-tendres respects.

N. B. Vous ferez très-bien d’avertir, par une note, que ces longs délais ne doivent être imputés ni aux Sirven ni à vous. La note est nécessaire, et je vous en remercie. Je vous suis aussi tendrement attaché que si j’avais vécu avec vous.

  1. Gui‑Jean-Baptiste Target, né le 17 décembre 1733, mort le 7 septembre 1807. Il avait été membre de l’Assemblée constituante.
  2. Voltaire reparle de cette affaire dans la lettre 6815.