Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6774

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Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 141).
6774. — À M. MARMONTEL.
28 février.

Chancelier de Bélisaire, on me dit que la Sorbonne demande des carions. Ce n’est pas Bélisaire qui est aveugle, c’est la Sorbonne. Voici les propres mots d’une lettre[1] de l’impératrice de Russie, en m’envoyant son édit sur la tolérance : « L’apothéose n’est pas si fort à désirer que l’on pense ; on la partage avec des veaux, des chats, des ognons, etc., etc., etc. Malheur aux persécuteurs ! Ils méritent d’être rangés avec ces divinités-là. »

Elle ambitionnera votre suffrage, mon cher confrère, dès qu’elle aura lu votre Bélisaire, et n’y fera pas assurément de cartons. Cet ouvrage fera du bien à notre nation, je peux vous en répondre. Tout ce que je vous écris est toujours pour Mme Geoffrin, car j’ai la vanité de croire que je pense comme elle. Si le roi de Pologne et l’impératrice de Russie ne s’entendaient pas sur la tolérance, je serais trop affligé.

Bonsoir, mon cher confrère ; jouissez de votre gloire, et du ridicule des docteurs.

  1. Voyez n° 6664.