Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6829

La bibliothèque libre.
Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 202).
6829. — À M. DAMILAVILLE[1].
9 avril.

On reçoit dans ce moment[2] la nouvelle que l’étui de mathématiques est arrivé. Le quart de cercle[3] que vous demandez ne sera pas sitôt prêt : vous savez que jamais les ouvriers de Genève n’ont été si profonds politiques et si mauvais artisans. On se donne beaucoup, dans ce pays-là, le passe-temps de se tuer : voilà quatre suicides en six semaines ; mais on n’accuse pas encore les pères de tuer leurs enfants ; il faut espérer que cette mode viendra de France.

L’aventure de la servante est heureuse. Fréron la contait en s’enivrant avec ses garçons empoisonneurs. Je vous l’ai déjà dit[4], nos ennemis amassent des charbons ardents sur leur tête. M. de Lavaysse, à qui je fais mille compliments, sait la demeure de M. l’abbé Sabatier[5] ; il faudra absolument le faire appeler en témoignage.

J’apprends qu’une horde de barbares a fait beau bruit aux Scythes ; ces gens-là ne respectent point la vieillesse.

Adieu, mon digne et vertueux ami ; souvenez-vous de ce que vous avez promis de donner à Mme de Florian.

Embrassez bien pour moi le très-aimable Lembertad.

  1. Les alinéas 1, 4 et 5 de cette lettre ont été quelquefois imprimés comme P. S. de la lettre 6822.
  2. Voyez la lettre 6826.
  3. La réimpression de la première partie de l’opuscule de d’Alembert Sur la Destruction des jésuites.
  4. Dans la lettre 6772.
  5. L’auteur des Trois Siècles (voyez tome VII, page 172) ; avant d’écrire contre les philosophes, il les avait hantés et flattés. (B.)