Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6829
On reçoit dans ce moment[2] la nouvelle que l’étui de mathématiques est arrivé. Le quart de cercle[3] que vous demandez ne sera pas sitôt prêt : vous savez que jamais les ouvriers de Genève n’ont été si profonds politiques et si mauvais artisans. On se donne beaucoup, dans ce pays-là, le passe-temps de se tuer : voilà quatre suicides en six semaines ; mais on n’accuse pas encore les pères de tuer leurs enfants ; il faut espérer que cette mode viendra de France.
L’aventure de la servante est heureuse. Fréron la contait en s’enivrant avec ses garçons empoisonneurs. Je vous l’ai déjà dit[4], nos ennemis amassent des charbons ardents sur leur tête. M. de Lavaysse, à qui je fais mille compliments, sait la demeure de M. l’abbé Sabatier[5] ; il faudra absolument le faire appeler en témoignage.
J’apprends qu’une horde de barbares a fait beau bruit aux Scythes ; ces gens-là ne respectent point la vieillesse.
Adieu, mon digne et vertueux ami ; souvenez-vous de ce que vous avez promis de donner à Mme de Florian.
Embrassez bien pour moi le très-aimable Lembertad.
- ↑ Les alinéas 1, 4 et 5 de cette lettre ont été quelquefois imprimés comme P. S. de la lettre 6822.
- ↑ Voyez la lettre 6826.
- ↑ La réimpression de la première partie de l’opuscule de d’Alembert Sur la Destruction des jésuites.
- ↑ Dans la lettre 6772.
- ↑ L’auteur des Trois Siècles (voyez tome VII, page 172) ; avant d’écrire contre les philosophes, il les avait hantés et flattés. (B.)