Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6833

La bibliothèque libre.
Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 206-207).
6833. — À M. DE CHENEVIÈRES[1].
11 avril.

Je ne doute pas, mon cher ami, que vous n’ayez fait parvenir ma lettre à M. le chevalier de Rochefort ; je vous prie de lui dire combien je suis pénétré de ses bontés. Je crois qu’on lui adresse à présent ses lettres à l’hôtel de Puisieux à Paris ; mais je n’en suis pas bien sûr. Ce dont je suis bien sûr, c’est que nous sommes toujours bloqués par vos troupes dans le pays de Gex. Nous manquons de blé, et je suis très-embarrassé pour en faire venir ; je manque d’argent avec lequel on achète du blé, et il faudra probablement que je fasse le voyage de Wurtemberg, au mois de mai, pour aller arranger mes affaires avec la chambre des finances de ce pays-là, sur lequel j’ai une grande partie de mon bien ; après quoi je pourrai bien transplanter mes pénates à Lyon, jusqu’à ce que la guerre de Genève soit finie.

Nous avons passé tout à coup d’une grande abondance à une plus grande disette. J’ai eu grande raison de faire les Scythes, car je suis en Scythie. Je vous embrasse de tout mon cœur.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.