Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6874
Je vois, mon cher ami, qu’il y a dans le monde des gens alertes qui ont dévalisé les licenciés espagnols[1] que je vous avais envoyés ; et, à l’égard de la Destruction des Jésuites, je ne compte pas qu’elle soit sitôt prête, attendu la négligence et l’imbécillité des gens qui s’en sont chargés.
J’envoie à M. d’Alembert un exemplaire de sa Lettre au Conseiller, par M. Necker[2]. Il doit vous faire remettre aussi des chiffons qui ne valent pas cette lettre, deux Zapata et deux Honnêtetés.
Je suis bien faible, bien languissant, mon cher ami ; c’est un grand effort d’écrire de ma main ; mon cœur vous en dit cent fois plus que je ne vous en écris.
Ah ! qu’importe que les jésuites soient chassés d’Espagne, s’il n’est pas permis de penser en France ?