Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 7016

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Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 376-377).
7016. — À M. DAMILAVILLE.
19 septembre.

Je vous ai envoyé, mon cher ami, une petite galanterie pour Merlin ; je vous supplie de vouloir bien faire un petit changement au premier acte.

Madame la comtesse dit à son fils :

Tous les grands sont polis[1]. Pourquoi ? C’est qu’ils ont eu
Cette éducation qui tient lieu de vertu.

Si de la politesse un agréable usage
N’est pas la vertu même, il est sa noble image.


Il faut mettre :

Leur âme en est empreinte ; et si cet avantage
N’est pas la vertu même, il est sa noble image.

Je crois que Merlin peut tirer, sans rien risquer, sept cent cinquante exemplaires, qu’il vendra bien.

Je ne sais aucune nouvelle. Je suis entouré d’officiers et de soldats, fort affaibli de ma fièvre, et très-inquiet de votre santé.

Je rouvre ma lettre pour vous supplier de mettre encore ce petit changement à la fin du troisième acte :

Je dois tout pardonner, puisque je suis heureuse.

CHARLOT, dans l’enfoncement.

Qui peut changer ainsi ma destinée affreuse ?
Où me conduisez vous ?

LA COMTESSE.

Où me conduisez-vous ?Dans mes bras, mon cher fils,

CHARLOT.

Moi, votre fils !

LE DUC.

Moi, votre fils !Sans doute.

CHARLOT.

Moi, votre fils ! Sans doute. Ô destins inouïs !

LA COMTESSE, l’embrassant.

Oui, reconnais ta mère ; oui, c’est toi que j’embrasse, etc.

  1. Le premier hémistiche n’est ni dans le texte, ni dans les variantes ; voyez tome VI, page 356.