Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 7029

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Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 390-391).
7029. — À M. THIERIOT.
30 septembre.

Mon ancien ami, j’ai été fort occupé, et ensuite fort malade. Je n’ai pu vous remercier aussitôt que je l’aurais voulu des bons conseils que vous avez donnés à la Duchesne. J’ai chez moi un régiment entier que les tracasseries de Genève nous ont attiré. Aucun des officiers qui sont dans mon château ou dans mon village ne sait si le capitaine Bélisaire a des querelles avec la Sorbonne. Les officiers soupent chez moi pendant que je suis dans mon lit, et les soldats me font un beau chemin aux dépens de mes blés et de mes vignes ; mais ils ne me défendront pas du vent du nord, qui va me désoler pendant six mois, ou qui va me tuer.

Tâchez de conserver votre santé, et que je puisse vous dire : Si bene vales, ego quidem valeo[1].

Je ne sais plus où vous demeurez. J’envoie cette lettre à M. Damilaville, dont la santé m’inquiète beaucoup, et dont l’amitié, toujours égale, ardente et courageuse, est pour moi d’un prix inestimable.

Je vous embrasse de tout mon cœur.

  1. Voyez la note, tome XLIV, page 137.