Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 7030

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7030. — À M. LE COMTE DE WARGEMONT[1].
À Ferney, 1er octobre.

Je venais, monsieur, d’écrire à Mme la comtesse de Beauharnais, lorsque je reçois la lettre dont vous m’honorez, du 24 septembre. Je vous confirme ce que je dis à Mme de Beauharnais, que je suis à vos ordres jusqu’au dernier moment de ma vie.

La facétie, dont vous avez vu une faible répétition, a été jouée bien supérieurement. Tous les acteurs vous regrettaient, car c’est à vous qu’on veut plaire. On regrettait bien aussi les officiers de la légion de Soubise ; il n’y a point de corps mieux composé. Tel maître, telle légion.

Je suis bien honteux, monsieur, des peines que je vous ai données ; je vous en demande pardon, autant que je vous en remercie. Je ne sais pas trop où demeure Thieriot ; tout ce que je sais, c’est qu’il est correspondant du roi de Prusse : c’est une fonction qui ne lui produira pas des pensions de la cour. Si vous vouliez avoir la bonté d’ordonner à votre secrétaire de mettre le paquet pour Thieriot dans celui de Damilaville, et de l’envoyer sur le quai Saint-Bernard, au bureau du vingtième, il serait sûrement rendu. Damilaville n’est que le premier commis du vingtième ; mais c’est un homme d’un mérite rare, et d’une philosophie intrépide. Il a servi, il s’est distingué par son courage ; il se distingue aujourd’hui par un zèle éclairé pour la philosophie et pour la vertu : c’est un homme qui mérite votre protection.

Tout ce qui habite mes déserts vous présente ses hommages. Recevez, monsieur, avec la bonté à laquelle vous m’avez accoutumé, mes très-sincères et très-tendres respects.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.