Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 7039

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7039. — À M. LE PRINCE DMITRI GALLITZIN[1].
7 octobre 1767, à Ferney.

Monsieur le prince, il y a quelques semaines que M. le comte de Voronzoff, ambassadeur à la Haye, me fit l’honneur de m’envoyer les lettres de M. le prince de Repnin. Je reçus, l’ordinaire suivant, par la poste de France, un gros paquet contre-signé Choiseul, contenant plusieurs mémoires imprimés et manuscrits concernant toutes les grandes choses que fait l’impératrice pour la gloire de la Russie et pour le bonheur de la Pologne. Je crois que ce paquet venait de la part de Votre Excellence, et j’eus l’honneur de vous en donner avis.

Le titre de Mère de la patrie restera à l’impératrice malgré elle. Pour moi, si elle vient à bout d’inspirer la tolérance aux autres princes, je l’appellerai la bienfaitrice du genre humain. Le mérite des Français est qu’on célèbre ses louanges dans leur langue, qui est devenue, je ne sais comment, celle de l’Europe. Puissions-nous l’imiter comme nous la célébrons.

J’ai l’honneur d’être, avec bien du respect, monsieur le prince, de Votre Excellence le très-humble et très-obéissant serviteur.

L’Admirateur de Catherine II

[2]P. S. Une assez longue maladie ne m’a pas permis encore de lire le nouveau livre dont vous me faites l’honneur de me parler ; mais j’en ai grande opinion, puisque vous l’approuvez[3].

  1. Collection de Documents, Mémoires et Correspondances relatifs à l’histoire de l’empire de Russie, tome XV, page 623.
  2. Ce post-scriptum est de la main de Voltaire.
  3. M. G. Avenel a placé ici au 8 octobre 1767, au nom du marquis de Thibouville, la lettre à Mlle Clairon, n° 6531.