Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 7038

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Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 397-398).
7038. — À M. D’ÉTALLONDE DE MORIVAL.
6 octobre.

Celui à qui vous avez écrit, monsieur, du 23 de septembre, prendra toujours un intérêt très-vif à tout ce qui vous regarde. Le roi que vous servez l’honore quelquefois de ses lettres. Il prendra toujours la liberté de vous recommander à ses bontés, et il fera agir ses amis en votre faveur. Il vous supplie de penser qu’il n’y a d’opprobre que pour les Busiris en robe noire, et pour ceux qui assassinent juridiquement l’innocence. Tous les hommes qui pensent sont indignés contre ces monstres et contre la détestable superstition qui les anime. La moitié de votre nation est composée de petits singes qui dansent, et l’autre de tigres qui déchirent. Il y a des philosophes : le nombre en est petit ; mais à la longue leur voix se fait entendre. Il viendra un temps où votre procès sera revu par la raison, et où vos infâmes juges seront condamnés avec horreur à son tribunal.

Consolez-vous ; attendez le temps de la lumière ; elle viendra : on rougira à la fin de sa sottise et de sa barbarie. Si vous avez quelque ami à peu près dans le même cas que vous, ayez la bonté, monsieur, d’en donner avis par la même adresse.