Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 7084

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Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 443-444).
7084. — À M. LE COMTE DE ROCHEFORT.
À Ferney, le 2 décembre.

Quand vers leur fin mes ans sont emportés,
Vous commencez une belle carrière :

Par les plaisirs vos moments sont comptés.
Goûtez longtemps cette douceur première ;
À la raison joignez les voluptés ;
Et que je puisse, à mon heure dernière,
Me croire heureux de vos félicités.

Voilà ce qu’un vieux malade, qui n’en peut plus, dit à deux jeunes époux dignes du bonheur qu’il leur souhaite. Monsieur et madame, je me garderai bien de vous séparer.

À moi, du vin de Champagne ! à moi, qui suis à l’eau de poulet ! à moi, pauvre confisqué ! Ah ! monsieur et madame, venez le boire vous-mêmes. Je ne puis être que le témoin des plaisirs des autres, et c’est surtout aux vôtres que je m’intéresse.

Votre satisfaction mutuelle me ranime un moment pour vous dire à tous deux avec combien de reconnaissance et de respect j’ai l’honneur d’être, etc.