Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 7086

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Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 445-446).
7086. — DE M. HENNIN[1].
Genève, 6 décembre 1707.

Voici, monsieur, la Gazette du commerce où je n’ai marqué que les pièces qui ont suivi de près la publication du livre de M. de La Rivière[2]. Il y en a dans le commencement de l’année une ou deux qui traitent plus particulièrement des principes que cet écrivain a adoptés, qui appartiennent à l’auteur du Tableau économique. C’est dans le Journal d’agriculture, que je n’ai point, mais que j’espère trouver ici, que sont celles où la matière est discutée à fond, et les auteurs des Éphémérides du citoyen sont les champions de MM. Quesnay et de La Rivière. Je suis bien aise de vous avertir, au reste, monsieur, que cette querelle a mis beaucoup de personnes sur la scène : M. de Mirabeau, Mme de Marchais, M. de Forbonnais, etc. Je crois la seconde lettre d’un de mes parents, auteur de plusieurs articles économiques dans l’Encyclopédie, et des lettres sur l’instinct des animaux, sous le nom d’un philosophe de Nuremberg, un des plus grands rieurs de France[3].

Il y a trois ans que je passais ma vie avec des personnes occupées de l’économie politique, et j’aurais pu alors vous détailler leurs principes, que j’essayais quelquefois de combattre ; mais j’ai perdu de vue toutes ces disputes, et je souhaite que vous appreniez à mes amis et aux autres qu’on peut parler français en traitant des sujets économiques, et que tout législateur doit être clair.

  1. Correspondance inédite de Voltaire avec P.-M. Hennin, 1825.
  2. Mercier de La Rivière fut un des premiers économistes, parmi lesquels on comptait le docteur Quesnay, Mirabeau père, Turgot, l’abbé Baudot, etc. Le livre dont il est ici question est sans doute son ouvrage intitulé l’Ordre naturel et essentiel des sociétés politiques.
  3. Lettres sur les animaux, par le philosophe de Nuremberg, C. G. Le Roy.