Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7123

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Correspondance : année 1768GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 480).
7123. — À M. HENRI PANCKOUCKE[1].
À Ferney, le 8 janvier.

Vous ne sauriez croire, monsieur, combien j’aime le stoïcien Caton, tout épicurien que je suis. Vous avez bien raison de penser que l’amour serait fort mal placé dans un pareil sujet. La partie carrée des deux filles de Caton, dans Addison, fait voir que les Anglais ont souvent pris nos ridicules. Je suis très-aise que vous ne vous soyez point laissé entraîner au mauvais goût. Les Français ne sont pas encore dignes d’avoir beaucoup de tragédies sans amour, et je doute même que la mode en vienne jamais ; mais vous me paraissez digne de mettre au jour les vertus morales et héroïques sur le théâtre.

J’ai l’honneur d’être, avec tous les sentiments d’estime que vous méritez, monsieur, votre, etc.

  1. Henri Panckoucke, cousin de celui à qui sont adressées les lettres 6775 et 7158, est auteur de la Mort de Caton, tragédie en trois actes et en vers, 1768, in-8°, dont il avait envoyé un exemplaire à Voltaire. Il existe de cette pièce deux éditions avec le nom de Voltaire.