Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7132
Mon cher confrère, savez-vous bien que je n’ai point votre Joueur anglais[1] ? Vos Mœurs du temps[2] ont été parfaitement exécutées sur notre petit théâtre. Nous tacherons de ne pas gâter votre Joueur. Envoyez-le-nous par le contre-seing de M. Janel, qui aura volontiers la bonté de s’en charger. Nous aimons fort les comédies intéressantes : Multæ sunt mansiones in domo patris mei[3] ; mais il paraît que pater meus a une maison à la Comédie française dont les acteurs font bien mal les honneurs. Pater meus est mal en domestiques ; il est servi à la Comédie comme en Sorbonne.
Je suis enchanté que vous m’aimiez toujours un peu ; cela ragaillardit ma vieillesse. Je présente mes respects à celle qui vous rend heureux, et qui vous a donné un enfant, lequel ne sera pas certainement un sot.
Vivez heureusement, gaiement, et longtemps. Je souhaite des apoplexies aux Riballier, aux Larcher, aux Coger ; et à vous, mon cher confrère, une santé aussi inaltérable que l’est mon attachement pour vous.
Si M. Duclos se souvient encore de moi, mille amitiés pour lui, je vous prie.