Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7161

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Correspondance : année 1768GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 514-515).
7161. — À M. CHARDON[1].
Ferney, 3 février.

Je vous l’avais bien dit, monsieur, que vous vous couvririez de gloire et que votre nom serait béni par quatre cent mille personnes. Daignez, au milieu des éloges qu’on vous doit, agréer mes remerciements.

J’ai l’honneur, monsieur, de vous envoyer un petit écrit qui m’est tombé entre les mains : c’est une espèce de réponse à ceux qui, par passe-temps, se sont mis à gouverner l’État depuis quelques années. Je n’ose le présenter à M. le duc de Choiseul ; cela est hérissé de calculs qui réjouiraient peu une tête farcie d’escadrons et de bataillons, et des intérêts de tous les princes de l’Europe. Cependant, monsieur, si vous jugiez qu’il y eût dans cette rapsodie quelque plaisanterie bonne ou mauvaise qui pût le faire digérer gaiement après ses tristes dîners, je hasarderai de mettre à ses pieds comme aux vôtres l’Homme aux quarante ecus.

Quant aux ragoûts un peu plus salés, je ne manquerai pas de vous les faire tenir entre deux plats : ils sont tous de la nouvelle cuisine ; la sauce est courte, et cela peut s’envoyer plus aisément qu’un pâté de Périgueux.

J’ai l’honneur d’être avec beaucoup de respect et avec autant d’attachement que d’estime, monsieur, votre très-humble, etc.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.