Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7190

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Correspondance : année 1768GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 542-543).
7190. — À M. LE RICHE.
1er mars.

Après la malheureuse aventure, mon cher monsieur, de deux paquets contenant, dit-on, des livres de Genève, il n’est rien que l’insolente inquisition de certaines gens ne se soit permis contre les lois du royaume. Je sais très-certainement que mes paquets ne sont point ouverts aux autres bureaux des postes ; et M. Janel, maître absolu dans ce département, a pour moi des attentions dont je ne puis trop me louer. J’ignore absolument ce que les deux paquets adressés à monsieur l’intendant et à M. Éthis, impudemment saisis à Saint-Claude, pouvaient contenir. J’ignore qui les portait et qui les envoyait. Je n’ai nul commerce avec Genève, et il y a près de six mois que je suis à peine sorti de mon lit. Tout ce que je sais, c’est que cette affaire a eu des suites infiniment désagréables, et que ceux qui ont abusé ainsi du nom de monsieur l’intendant ont commis une imprudence très-dangereuse.

Le premier président du parlement de Douai a servi Fantet[1] comme s’il avait été son avocat ; il lui était recommandé par un ami intime.

Vous avez lu sans doute le mandement de l’archevêque de Paris contre Bélisaire ; voici un petit imprimé[2] qu’on m’envoie de Lyon à ce sujet.

Il se fait une très-grande révolution dans les esprits, en Italie et en Espagne. Le Nord entier secoue les chaînes du fanatisme, mais l’ombre du chevalier de La Barre crie en vain vengeance contre ses assassins.

Je vous embrasse, etc.

  1. Voyez page 494.
  2. Lettre de l’archevèque de Cantorbéry ; voyez tome XXVI, page 577.