Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7194

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Correspondance : année 1768GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 546-547).
7194, — DE M. HENNIN[1].
À Genève, le 1er mars 1768.

Si j’avais pu prévoir, monsieur, qu’on vous rendît compte de ce que j’avais avancé d’après beaucoup de personnes et en particulier la dame qui est venue à Genève ces jours-ci, je me serais bien gardé de toucher cette corde à Ferney ; mais je puis vous assurer qu’avant le départ de M. de La Harpe on m’avait soutenu qu’il existait à Paris des copies du second chant ; on m’en avait même dit des vers. Si M. de La Harpe a contribué à divulguer une badinerie que vous vouliez laisser dans l’oubli, il a mal fait ; mais à coup sûr il n’a pas été le premier à la publier. Ce que j’ai l’honneur de vous dire au reste ne vient pas de lui, puisqu’il ne m’en a point parlé, et que sa femme ne m’a dit qu’un mot sur l’idée où vous aviez été à cet égard. M. Dupuits aurait mieux fait de ne pas vous instruire d’une particularité qui pouvait vous déplaire. Mais encore une fois, les choses ne sont pas allées comme vous avez pu le croire, et j’espère éclaircir ces détails pour votre satisfaction et pour la justification de M. de La Harpe, qui vous aime autant qu’il vous respecte, et que je serais très-fâché qui eût des torts vis-à-vis de vous.

Voici les deux dernières gazettes.

Quand vous voudrez n’être pas seul, je vous prie de me le faire savoir. Vous ne devez pas douter du plaisir que j’aurai de vous prouver, en tout temps et de toutes manières, mon dévouement.

  1. Correspondance inédite de Voltaire avec P.-M. Hennin, 1825.