Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7216

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Correspondance : année 1768GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 563).
7216. — À MADAME FAVART[1].
Ferney, 23 mars.

Vous ne sauriez croire, madame, combien je vous suis obligé : ce que vous avez bien voulu m’envoyer[2] est plein d’esprit et de grâces, et je crois toujours que le dernier ouvrage de M. Favart est le meilleur. Ma foi, il n’y a plus que l’opéra-comique qui soutienne la réputation de la France. J’en suis fâché pour la vieille Melpomène, mais la jeune Thalie de l’hôtel de Bourgogne[3] éclipse bien par ses agréments la vieille majesté de la reine du théâtre. Permettez-moi d’embrasser M. Favart.

J’ai l’honneur d’être, avec les sentiments que je dois à tous deux, etc.

  1. Marie-Justine-Benoite du Ronceray, épouse de Ch.-S. Favart, née à Avignon le 15 juin 1727, et morte le 20 avril 1772. Elle était actrice au théâtre des Italiens ou Opéra-Comique, et a coopéré à quelques pièces de théâtre. (B.)
  2. Les Moissonneurs, comédie de Favart, mêlée d’ariettes, jouée le 27 janvier 1768.
  3. Le théâtre des Italiens était alors rue Mauconseil, à l’hôtel de Bourgogne.