Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7281

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7281. — À M. GUDIN DE LA BRENELLERIE[1].
6 juin.

Si je n’ai pas eu l’honneur, monsieur, de vous remercier plus tôt, pardonnez à un vieillard malade. Je n’en ai pas moins senti le mérite de votre pièce, et les bontés dont vous vouliez m’honorer. Je viens de lire votre tragédie[2], qui a été imprimée à Genève depuis un mois. Il n’y a plus moyen de vous parler en critique, quand l’ouvrage est publié : je ne dois vous parler qu’en homme très-reconnaissant, et surtout très-persuadé que de pareils sujets mériteraient d’être mis souvent sur la scène. Il est vrai qu’ils sont difficiles à traiter ; mais il paraît, à votre coup d’essai, que vous seriez capable de faire des chefs-d’œuvre. La conformité de votre manière de penser avec la mienne semble me permettre de compter un peu sur votre amitié. Les philosophes n’ont plus d’autre consolation que celle de se plaindre ensemble.

J’ai l’honneur d’être, avec tous les sentiments que vous méritez, monsieur, votre très-humble, etc[3].

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Lothaire, ou le Royaume mis en interdit.
  3. Voyez la note 2 de la lettre 7187.