Correspondance de Voltaire/1769/Lettre 7500
Mon cher panégyriste de Henri IV, et vitula tu dignus, et hic[1]. Vous avez bien du talent en vers et en prose. Puisse-t-il servir à votre fortune comme il servira sûrement à votre réputation ! Je vous ai écrit, au sujet du tripot, la lettre ostensible[2] que vous demandiez : j’ai écrit aussi à M. le maréchal de Richelieu[3]. Je crois à présent toutes choses en règle.
L’ouvrage de M. de Saint-Lambert[4] me paraît, à plusieurs égards, fort au-dessus du siècle où nous sommes. Il y a de l’imagination dans l’expression, du tour, de l’harmonie, des portraits attendrissants, et de la hauteur dans la façon de penser. Mais les Parisiens sont-ils capables de goûter le mérite de ce poëme ? Ils ne connaissent les quatre saisons que par celle du bal, celle des Tuileries, celle des vacances du parlement, et celle où l’on va jouer aux cartes à deux lieues de Paris, au coin du feu, dans une maison de campagne. Pour moi, qui suis un bon laboureur, je pense à la Saint-Lambert.
Il m’est venu trois ou quatre A, B, C[5] d’Amsterdam. Si vous voulez je vous en enverrai un.
Je vous embrasse de tout mon cœur, sans cérémonie.
- ↑ C’est à Gaillard et La Harpe (voyez lettre 7448) que Voltaire applique ces premiers mots du vers 109 de la 3e églogue de Virgile.
- ↑ Çette lettre ostensible est perdue.
- ↑ Cette lettre est aussi perdue ; car ce ne peut être du n° 7487 que parle ici Voltaire.
- ↑ Le poëme des Saisons ; voyez lettre 7497.
- ↑ Tome XXVII, page 311.