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Correspondance de Voltaire/1769/Lettre 7559

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7559. — DU CARDINAL DE BERNIS.
Rome, le 24 mai.

Le roi, mon cher confrère, a nommé le pape[1], son secrétaire d’État, les principales charges. Êtes-vous content ? Vous attendez la suite, et moi aussi. On dit que je ne retournerai pas si tôt en France. On dit à Rome que je suis habile ; et moi, je dis que je suis bien malheureux de ne pouvoir vous lire, vous relire, de n’avoir pas vu encore les Quatre Saisons nouvelles : en un mot, de n’être pas libre. J’ai reçu l’Épître à M. de Saint-Lambert, et la jolie lettre qui l’accompagnait. Soyez heureux puisque vous en faites, et n’oubliez pas votre sincère admirateur et serviteur.

  1. Ce fut surtout par l’influence des couronnes de France et d’Espagne que Ganganelli fut porté au trône pontifical, sous le nom de Clément XIV. Aussitôt qu’il fut élu, les ministres de ces couronnes, le cardinal de Bernis et don Joseph Monino (depuis comte de Florida Bianca) exercèrent auprès de lui un grand crédit, et firent nommer secrétaire d’État, c’est-à-dire ministre des affaires étrangères, le cardinal Pallavicini, homme modéré, de talents médiocres, et dont le titre principal était la proche parenté qui le liait au marquis de Grimaldi, alors premier ministre de la cour de Madrid. Ils obtinrent avec la même facilité que les autres grandes places avec lesquelles les puissances catholiques ont des relations, comme elles du secrétaire des brefs, de président de la daterie, etc., seraient conférées à des cardinaux dévoués aux couronnes. (Note de Bourgoing)