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Correspondance de Voltaire/1769/Lettre 7574

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Correspondance : année 1769GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 46 (p. 358).
7574. — À M. L’ABBÉ AUDRA[1].
Le 14 juin.

Votre zèle, mon cher philosophe, contre les fables décorées du nom d’histoire, est très-digne de vous. Mais comment faire avec des nations chez lesquelles il n’y a d’autre éducation que celle de l’erreur ; où tous les livres nous trompent, depuis l’almanach jusqu’à la gazette ? Il y aurait bien quelques petits chapitres à faire sur cet amas inconcevable de bêtises dont on nous berce. Le temps viendra où l’on jettera au feu toutes nos chronologies dans lesquelles on prend pour époques des aventures entièrement fausses, et des personnages qui n’ont jamais existé. Mais une époque bien vraie, bien agréable, sera celle où le parlement de Toulouse vengera l’innocence opprimée par ce misérable juge de village qui a outragé également les lois, la nature et la raison, en osant condamner les Sirven. Ce sera à vous que nous aurons l’obligation de la justice qu’on nous rendra. J’espère que cette affaire, que j’ai tant à cœur, finira au moins cette année. Si je pouvais aller à Toulouse, je viendrais vous embrasser.

  1. Voyez lettre 7457.