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Correspondance de Voltaire/1769/Lettre 7595

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Correspondance : année 1769GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 46 (p. 382-383).
7595. — À M. LE DUC DE CHOISEUL.
REQUÊTE DE L’ERMITE DE FERNEY,
présentée par m. coste, médecin.
16 juillet.

Rien n’est plus à sa place que la supplication d’un vieux malade pour un jeune médecin ; rien n’est plus juste qu’une augmentation de petits appointements quand le travail augmente. Monseigneur sait parfaitement que nous n’avions autrefois que des érouelles dans les déserts de Gex, et que depuis qu’il y a des troupes nous avons quelque chose de plus fort. Le vieil ermite, qui, à la vérité, n’a reçu aucun de ces deux bienfaits de la Providence, mais qui s’intéresse sincèrement à tous ceux qui en sont honorés, prend la liberté de représenter douloureusement et respectueusement que le sieur Coste[1], notre médecin très-aimable, qui compte nous empêcher de mourir, n’a pas de quoi vivre, et qu’il est en ce point tout le contraire des grands médecins de Paris. Il supplie monseigneur de vouloir bien avoir pitié d’un petit pays dont il fait l’unique espérance.

  1. Coste fut très-bien accueilli du duc de Choiseul ; on l’invita à dîner. Ses appointements, qui n’étaient que de 150 francs, furent portés à 1200 francs, et il outre une gratification de 600 francs pour son voyage.