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Correspondance de Voltaire/1769/Lettre 7693

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Correspondance : année 1769GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 46 (p. 478).
7693. — À M. COLINI.
Ferney, 25 octobre.

C’était un Allemand de beaucoup d’esprit qui avait fourni, mon cher ami, la première légende[1]. J’ai écrit au graveur[2] pour qu’il m’envoyât environ une trentaine de médailles avec cette légende même ; et je lui ai demandé, je crois, une douzaine d’autres de la nouvelle fabrique[3], qui ont pour devise :


orpheus alter.

Comme il ne m’appartient ni d’éclairer les nations, ni d’être un second Orphée, je ne me mêle point de tout cela, et je dois l’ignorer. Je ne puis qu’acheter les médailles du graveur ; je les ai demandées en bronze ; c’est tout ce que je puis faire. Vous me ferez plaisir, mon cher ami, de le presser.

Je suis étonné d’être en vie après la maladie de langueur que j’ai essuyée. Une de mes plus grandes consolations est la bonté dont Son Altesse électorale daigne m’honorer, et votre amitié, sur laquelle je compte jusqu’à mon dernier moment. V.

  1. Une note de Colini apprend que la légende était le vers 354 du chant IV de la Henriade :

    Il ôte aux nations le bandeau de l’erreur.


    On a vu par la lettre 7517 que cette médaille était dédiée à l’électeur, dont le nom était au revers, au-dessus d’un autel sur lequel étaient des trompettes, des casques, des épées, emblèmes des sujets épiques et tragiques. On dit que l’électeur désapprouva la légende, et en exigea la suppression. La suppression paraît constatée par la lettre à Colini ci-dessus. C’était la première légende qu’on lisait sur les douze médailles dont il est parlé dans la lettre 7516.

  2. La lettre manque.
  3. C’est sans doute celle qui porte la date de 1770 ; mais il paraît que l’inscription fut remplacée par une couronne.