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Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 7837

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Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 28-29).
7837. — À MADAME LA DUCHESSE DE CHOISEUL.
À Ferney, 26 mars.

Madame, j’ai envoyé bien vite à votre protégé, M. Fabry, la lettre que vous avez bien voulu faire passer par mes mains. Vous avez, comme M. le duc de Choiseul, le département de la guerre. Vous faites du bien aux pacifiques capucins et aux meurtriers canonniers. Je vous dois en outre mon salut, car c’est à vous, après Dieu et frère d’Alamballa, que je dois mon cordon. Frère Ganganelli espère beaucoup des opérations de la grâce sur ma personne ; vous êtes, madame, le premier principe de tant de faveurs.


Il faut avouer que la grâce
Fait bien des tours de passe-passe
Avant que d’arriver au but[1].


Je me flatte que, quand Versoy sera bâti, monseigneur votre époux voudra bien me nommer aumônier de la ville. Je suis encore un peu gauche à la messe, mais on se forme avec le temps, et l’envie de vous plaire donne des talents.

Un de nos frères, qui fait des vers, m’a envoyé ces petits quatrains[2], et m’a prié de vous les présenter. Je m’acquitte de ce devoir en vertu de la sainte obédience.

Je vous supplie, madame, d’agréer toujours mon profond respect, ma reconnaissance, et ma bénédiction. Frère François, capucin par la grâce de Dieu et de Mme la duchesse de Choiseul.

  1. Ces trois vers sont la fin d’une pièce de vers intitulée la Bathsebath (Betsabée), commençant par :


    Autrefois, sur le point du jour,
    Une certaine Barsabée,
    Après sa cornette lavée,
    Voulut se laver à son tour. (B.)

  2. Voyez tome VIII, page 534, les Stances à madame de Choiseul.