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Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 7838

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Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 29).
7838. — À M. L’ABBÉ AUDRA.
Le 26 mars.

Mon cher philosophe, c’est apparemment depuis que je suis capucin que vous me croyez digne d’entrer dans des disputes théologiques. Vous n’ignorez pas qu’ayant obtenu de M. le duc de Choiseul une gratification pour les capucins de mon pays, frère Amatus d’Alamballa, notre général résidant à Rome, m’a fait l’honneur de m’agréger à l’ordre ; mais je n’en suis pas plus savant.

J’attends toujours, avec la plus grande impatience, le mémoire de M. de la Croix, en faveur de Sirven. Je vous prie de vouloir bien me mander si Sirven a reçu quinze louis d’or que je lui envoyai à la réception de votre dernière lettre.

Je suis toujours bien malade. La justification entière de Sirven, et ce coup essentiel porté au fanatisme, me feront plus de bien que tous les remèdes du monde. On m’a mis au lait de chèvre, mais j’aime mieux écraser l’hydre.

Amusez mes confrères, les maîtres des jeux floraux, de ces petits versiculets[1] ; vous verrez qu’ils sont d’un capucin bien résigné.

Donnez-moi votre bénédiction, et recevez celle de

Frère François, capucin indigne.

P. S. M. d’Alembert est bien content de votre Abrégé de mon Essai sur l’Histoire générale de l’Esprit et des Mœurs des nations. Quelques fanatiques n’en sont pas si contents, mais c’est qu’ils n’ont ni esprit ni mœurs : aussi n’est-ce pas pour ces monstres que l’on écrit, mais contre ces monstres.

  1. Voyez tome VIII, page 535, les Stances à M. Saurin :

    Il est vrai, je suis capucin.