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Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 7839

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Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 29-30).
7839. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
26 mars.

Mon cher ange, je vous remercie de tout mon cœur de la consultation de M. Bouvart ; j’avais oublié de vous remercier de Semiramis c’est un vice de mémoire et non de cœur. Je vous ai envoyé[1] un mémoire sur Fréron, qui m’a été adressé par son beau-frère, et qui me paraît bien étrange. Si vous découvrez quelque chose touchant cette affaire, ayez la bonté, je vous prie, de m’en instruire.

Je ne sais aucune nouvelle des grandes opérations de M. l’abbé Terray, je trouve seulement qu’il ressemble à M. Bouvart ; il met au régime.

Je m’amuse actuellement à travailler à une espèce de petite Encyclopédie, que quelques savants brochent avec moi. J’aimerais mieux faire une tragédie, mais les sujets sont épuisés, et moi aussi.

Les comédiens ne le sont pas moins ; on ne peut plus compter que sur un opéra-comique.

J’avais fait, il y a quelque temps, une petite réponse à des vers que m’avait envoyés M. Saurin : cela n’est pas trop bon ; mais les voici[2], de peur qu’il n’en coure des copies scandaleuses et fautives. Je ne voudrais déplaire pour rien du monde ni à mon bon patron saint François, ni à frère Ganganelli.

Comme l’ami Grizel n’est pas de notre ordre, je crois que la charité chrétienne ne me défend pas de souhaiter qu’il soit pendu, et que l’archevêque le confesse à la potence, ce qui ne sera qu’un rendu.

Je me flatte que la santé de Mme d’Argental se fortifie et se fortifiera dans le printemps. Je me mets au bout des ailes de mes deux anges.

  1. Avec la lettre 7830.
  2. Ce sont les stances, tome VIII, page 535.