Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 7874
Mon cher ange, je me plaignais à tort de l’indifférence de M. le duc de Choiseul pour ma manufacture. Il a eu plus de bonté et d’attention que je n’osais en espérer. J’ai poussé l’injustice jusqu’à gronder Mme la duchesse de Choiseul, qui ferait tout pour moi ; j’étais, sans le savoir, le plus ingrat des hommes et le plus difficile à vivre.
Voici une autre affaire qui pourra vous amuser, en attendant le mariage de votre prince. Vous êtes supplié de lire ce mémoire[1], et de nous dire si nous n’avons pas raison ; et, en cas que nous ayons prodigieusement raison, comme je le crois, de recommander l’affaire à M. le duc de Praslin, qui est un des juges.
À propos, j’ai une fluxion horrible de poitrine qui m’empêche de faire usage de l’ordonnance de M. Bouvart. M’est avis, mes anges, que je m’en vais à tous les diables, avec mon cordon de saint François.
Portez-vous bien, et ne faites ce voyage que le plus tard que vous pourrez.
- ↑ Ce doit être l’écrit intitulé Au Roi en son conseil, pour les sujets du roi qui réclament la liberté en France, tome XXVIII, page 353.