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Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 7891

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Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 83-84).
7891. — À M. DE LA HARPE.
23 mai.

Le capucin attaché à la paroisse du curé de Mélanie prie toujours Dieu, mon cher enfant, pour vos affaires temporelles, car, pour les spirituelles, elles vont très-bien, Dieu merci.

Il est bien plaisant, bien digne des Welches, qu’un Fréron ait le droit exclusif de dire son avis grossièrement sur les welcheries nouvelles, et qu’on vous conteste celui de dire le vôtre avec finesse et agrément. Il me semble qu’il n’y a jamais eu d’injustice plus ridicule, et que c’est le dernier degré d’ignominie dans laquelle les lettres sont tombées en France. Il est bien honteux qu’un misérable comme lui, chargé de crimes et d’opprobres, trouve de la protection. La lettre de son beau-frère Royou, dont vous avez, je pense, un extrait, suffirait seule pour le faire enfermer à Bicêtre ; mais parce qu’il s’est fait hypocrite,


Iratis Fruitur dis
Iratis.

(Juven., sat. I, v. 49.)

Les anecdotes sur ce coquin m’intéressent moins que celles de Suétone sur ces coquins d’empereurs romains, qui ne valaient guère mieux.

Quand aurons-nous donc votre Suétone ? Si vous l’enrichissez de remarques historiques et philosophiques, ce sera un livre dont aucun homme de lettres ne pourra se passer. Je l’attends avec le plus grand empressement : car, tout vieux et tout malade que je suis, j’ai encore les passions vives, surtout quand il s’agit de votre gloire.