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Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 7909

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Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 98-99).
7909. — À M. THIERIOT.
Ferney, 6 juin.

Mon ancien ami, comme il y a un an que je n’ai reçu de vos nouvelles, j’ignore si vous demeurez aux Incurables ou au faubourg Saint-Antoine.

Je suppose que vous n’avez appris la mort de votre frère qu’au bout de trois mois, et que, dans deux ans, vous me manderez si vous avez touché quelque chose de sa succession. Il est bon de mettre de grands intervalles dans les affaires : cela donne le temps de réfléchir, et prévient les fausses démarches.

Vous avez peut-être rencontré depuis votre dernière lettre, c’est-à-dire depuis quinze mois, les héritiers de l’abbé de Châteauneuf, qui se sont arrangés avec vous pour le dépôt de la belle gardeuse de cassettes. Vous vous êtes accommodé sans doute avec l’assemblée du clergé, afin que, dès qu’elle sera dissoute, on puisse produire M. Billard et l’abbé Grizel sous le nom de M. Garant. Je crois qu’on mettra partout Philosophie à la place de Théologie, pour ne point effaroucher les âmes timorées. M. d’Argental et M. Marin se chargent de vos intérêts : car, si on s’en remettait à vous, nous n’en saurions des nouvelles que dans trois ans. Vous saurez que, dans trois ans, j’en aurai au moins quatre-vingts, s’il plaît à Dieu.

Je suppose que vous recevrez ma lettre en quelque endroit du monde que vous soyez gîté ; je vous adresse celle que je dois à M. de Sales. Quelque louange que je lui donne, je ne lui ferai pas la moitié du plaisir qu’il m’a fait.

Faites bien mes compliments, je vous prie, à M. de Montmercy[1]. Portez-vous bien, vivez longtemps, et aimez-moi.

  1. Le Clerc de Montmercy.