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Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 7968

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Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 148-149).
7968. — À M. ***.
22 juillet.

J’ai reçu, mon cher correspondant, les anecdotes manuscrites. Il y en a plusieurs que j’avais déjà dans mes paperasses, et dont je n’ai point fait usage dans l’Histoire de la Russie, parce qu’elles étaient fort suspectes, et très-contraires aux mémoires que l’impératrice Élisabeth m’avait fait remettre. Il y en a quelques-unes dans votre manuscrit qu’il faudra beaucoup adoucir, car assurément je ne veux pas déplaire à ma Catherine, qui venge l’Europe de l’insolence des Turcs.

Je voudrais qu’on vengeât le public d’un Fréron. On me mande que tout le fond[1] de ce qu’on dit de lui est vrai. Si, cela est, il faut donc le pilorier avec saint Billard et saint Grizel. Vous me feriez plaisir de m’instruire de tout ce que Thieriot a pu omettre, car je suis très-curieux. Je tâcherai, mon cher correspondant, de vous avoir le meilleur parti possible de vos historiettes russes, et de tout ce que vous m’enverrez. Je suis à vous sans réserve. Je vous prie de m’envoyer la demeure de Jean-Jacques Rousseau.

  1. Les Anecdotes sur Fréron ; voyez tome XXIV, page 181.